La Petite Sirène

À la question “est-ce que ce remake de La Petite Sirène est un bon film ?”, je répondrai non. Non pas parce que c’est un horrible film, mais pour des raisons plus nuancées. Que je vais bien évidemment développer dans cet article.

Tout d’abord, je vais vous parler des bonnes choses du film, car il y en a quelques unes tout de même.

Déjà, le réalisme de l’eau et des créatures marines est bon. On finit par ne plus distinguer le vrai du faux. Ce n’est pas Avatar 2 pour autant, mais je me suis surpris à m’émerveiller face à quelques éléments du monde marin. J’aime bien aussi le redesign des queues des sirènes, très étoffés.

Ensuite, le monde humain est bien plus développé dans ce remake. Sans réellement trouver de datation et un lieu exacte, je me suis transporté dans cette ville côtière et ce château des tropiques. La vie du peuple cosmopolite rajoute de la vie à l’univers. Moi qui aime celui des pirates et des aventures en mer de façon générale, j’étais comblé.

Aussi, on remet la part de rêverie du Prince au même niveau qu’Ariel, ce qui rend leur relation plus profonde.

Enfin, le plus grand scandale lors des premières annonces : non, La Petite Sirène noire ne m’a pas choqué. Halle Bailey fait le job (bien qu’un peu moins saisissante dans les chansons) et l’intrigue ne tourne pas du tout autour de sa couleur de peau. Ce qui normalise en effet les personnes de couleur et c’est une bonne chose. Contrairement à d’autres choses du coup.

En effet, dans ce cas, bien que Jonah Hauer-King ait l’air fort sympathique sous tout rapport, pourquoi avoir gardé un homme blanc cis hétéro ? On pouvait tout aussi y mettre un latino, qui s’y prêtait même mieux, par rapport à la conquête des océans.

De même, Melissa McCarthy est crédible, mais ne semble partager qu’une partie de son personnage, lissé un max. C’était l’occasion ici de placer enfin un acteur Drag-Queen (dont Ursula est inspirée dans le dessin animé)

C’est ce qui me dérange un peu avec la soi-disant inclusion chez Disney, c’est de faire les choses qu’à moitié. On va finir par croire à du blackwashing à la Netflix… Car j’ai fini par accepter la pluri-ethnies des filles de Triton, mais qui m’explique le raccord entre Eric et sa mère Selina (Noma Dumezweni) ?

En second point, pour en revenir au réalisme du film, c’est justement ce qui tue un peu les remakes-live. Déjà on décèle plus facilement les incohérences, entre magie et nature. Mais aussi, on l’a vu avec Le Roi Lion de 2019 : on perd complètement l’émotion. Ici, Polochon (Jacob Tremblay) en est le parfait exemple, car ses expressions disparaissent. Pire, on perd la logique de faire parler les animaux. Comme ils sont limités dans leurs mouvements, on n’a que 50% des scènes mythiques, dont la chanson Sous l’Océan. Qui se contente de faire danser des étoiles de mers et des bigorneaux.

Certes Sébastien (Daveed Diggs) avec ses yeux rigolos et Eukêra (Awkwafina) restent acceptables, surtout par leur voix. Mais ça aurait mérité un aspect plus cartoon, un entre-deux, pour mettre en image leur léger sur-jeu.

Par la suite, La Petite Sirène 2023 est plus long que l’original. Cela laisse de la place à de nouvelles scènes, pas forcément toutes utiles. Tout comme les nouvelles chansons, qui semblent rajoutées de force, juste histoire d’en rajouter car leur mélodie semble bâclée (en vrai, la séquence rap improbable est assez fun)

En fait, globalement, ça tient la route, mais ce n’est pas folichon. Dans le sens que le film essaye juste de refaire plus ou moins ce qu’avait fait son prédécesseur en mieux. La preuve, le remake reprend parfois au plan près des scènes iconiques. Sauf qu’elles fonctionnaient bien mieux en dessin animé, car la caricature des traits y faisait beaucoup.

C’est vraiment dommage pour Halle Bailey, qui pouvait enfin représenter une minorité dans un personnage culte. Mais d’après le box-office, ça n’a pas l’air d’être ça (moi-même, au jour 2, d’une séance à 19h, la salle était loin d’être pleine) Attendons de voir sur le sol américain. Puisqu’apparemment, d’après des vidéos virales, beaucoup d’enfants semblaient vouloir enfin pouvoir s’identifier à cette sirène-là. Faut-il encore que le film soit réussi pour marquer les esprits.

Car c’est ce qui fait son plus gros défaut : il peut plaire sur le moment mais s’oublie vite. Donc peut-être que ça donnera enfin l’idée à Disney de ralentir, voire d’arrêter de refaire en live ses chefs d’œuvres. Pour capitaliser sur la nostalgie, pourquoi ne pas simplement ressortir les films sur grand écran ? Et qu’ils ne prennent pas ça comme excuse pour ne plus rien sortir au cinéma, hein !